Auteur/autrice : emma.moreau@etu.esj-lille.fr

  • Pourquoi les Hauts-de-France sont les mauvais élèves de la pratique sportive ?

    Pourquoi les Hauts-de-France sont les mauvais élèves de la pratique sportive ?

    Un sondage Ipsos révèle que seuls 64 % des Nordistes pratiquent régulièrement une activité physique, le taux le plus bas de France. Qu’en disent les Lillois ? 

    Les sudistes à la pétanque, les nordistes au bistrot ! 

    Frites, pluie, briques rouges et convivialité. Le nord de la France est bien connu pour ses spécialités. Dans le sport aussi, les Chtis sont sur les devants de la scène : Franck Ribéry, Raphaël Varane, Arnaud Démare, Christophe Laporte, Cyril Diabaté, Jimmy Gressier, Amandine Henry, Marion Rousse et bien d’autres.  

    « Dans le nord, on bosse, on est courageux, pas le temps de s’amuser », « La météo, tout simplement », « Dans le sud, on a plus tendance à se vanter et à exagérer », « Comme les gens du sud ne sont pas des travailleurs, il faut bien occuper son temps libre » Les réactions fusent dans les commentaires de l’Equipe à la publication de l’enquête sur l’activité sportive des français. 

    Pourtant, une récente étude de la Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire (FFEPGV) révèle que seulement 64 % des nordistes pratiquent une activité physique contre 76 % des habitants de l’Auvergne-Rhône-Alpes. 

    Réalisé par Ipsos pour la FFEPGV, ce baromètre sport-santé révèle que la région Auvergne-Rhône-Alpes est celle qui compte en 2025 la plus grande part de sportifs (76 %). Elle est suivie par l’Occitanie (75 %) et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (74 %).  En bas du tableau, la Bretagne et la Bourgogne-Franche-Comté (69 %), la Normandie (68 %) et pour finir les Hauts-de-France (64 %). 

    Quel sportif êtes-vous ? 

    Pour étayer cette étude, l’Equipe a réalisé une enquête d’une vingtaine de questions auprès de ses lecteurs. Résolution de janvier ou sportif de haut niveau, motivation du dimanche contre discipline infaillible, yoga détente ou sueurs intenses, plutôt loup solitaire ou en meute, tout terrain ou bien au chaud… Les questions s’enchainent et un résultat apparaît : « sportif survolté », « sportif en devenir », ou encore « sportif tout doux ».  Arnaud, 19 ans, fervent pratiquant de musculation et futur coach sportif confirme l’impact de la météo sur le sport : « Sortir pour aller courir quand il fait froid c’est difficile ».  

    Mais existe-t-il un lien entre notre profil sportif et notre lieu d’habitation ? S’agit-il d’une réelle détermination géographique ou d’une simple flemme ? 

    D’après Guillaume Dietsch, co-auteur de La France n’est pas un pays de sport ? (De Boeck, 2025), les différences de pratique sont liées à des facteurs structurels. Notamment les conditions climatiques, l’accessibilité des infrastructures et l’investissement des collectivités locales. Avec, par exemple, certains départements qui ont près de deux fois plus d’équipements sportifs par habitant que dans les Hauts-de-France. L’étude Withings/AccuWeather démontre par ailleurs que les jours de pluie provoquent une diminution de 12 % de la pratique sportive extérieure. Sachant que Lille a 40 jours de pluie de plus par an que Grenoble (environ 190 contre 150). Le sport apparait alors comme un reflet de la géographie sociale, des habitudes locales et de la politique française. Mais aussi des modes de vie, des habitudes de déplacements, des coutumes culturelles et des rythmes locaux. Dans le nord, on partage le plaisir de recevoir et de bien manger. Interrogé sur sa pratique sportive, Stany , 25 ans, sourit : « Je ne fais pas de sport, je préfère manger du fromage ». Il signale cependant le manque de moyens : « On est quand même une grande ville, on mérite un petit peu plus d’infrastructures. » 

    D’autres causes ? 

    Il n’y a pas que la pluie et le beau temps qui justifient le degré d’activité des français. Le chiffre a fortement augmenté, de 10 % de sportifs réguliers en France à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, à 58 % aujourd’hui. Un regain d’activité observé notamment au moment de la crise de la covid 19 et de l’augmentation des vidéos gratuites de fitness. Puis un second souffle, après les Jeux Olympiques de Paris à l’été 2024. Miscna, stagiaire en vente chez Decathlon, en témoigne : « On a divers profils de personnes qui viennent acheter des équipements ».  

    Pourtant, on note une dualité autour de la question sportive. Alors que l’hexagone se distingue à l’échelle européenne comme une puissance sportive. La France peine à développer le sport quotidien, à l’école comme dans les clubs. 

    Alexis, étudiant en architecture à Lille, ne partage pas ces conclusions. Selon lui, le sport est une question de « responsabilité individuelle » et de « bonne volonté des personnes ». Alors, malgré la drache lilloise, ne serait-il pas temps pour les nordistes de se mettre au sport ? 

    Emma Moreau